Category : Auteurs Filmographie
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Fabrice Blin, mon partner in crime et auteur de l’ouvrage de référence sur René Laloux, résume en vidéo sa biofilmographie, grâce à Bande2Ciné, un groupe de vidéastes qui parlent de cinéma et d’audiovisuel sous différentes formes d’émissions (analyses, biographies, critiques, courts-métrages…).
L’ensemble est illustré d’extraits et de photos, dont certains récemment découvertes dans les archives du réalisateur, dont nous reparlerons…
https://www.youtube.com/watch?v=X0jl8DLocRM
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Le titre de cet article vous parait baroque et improbable, voire racoleur ? Pourtant, il est littéral. On parle bien de Jennifer Lopez, pop star US et icone bimboide 90s. Celle la même dont on devine la responsabilité dans la génération des Jennifers made in France, plus ou moins en train de rater passer le bac à l’heure ou j’écrit ces lignes. C’est justement que l’actrice est au fait de sa gloire au moment de l’année 2K. L’année même ou sort le film the Cell, dans lequel elle incarne la protagoniste…
J’ignore donc si Jennifer Lopez est fan de La planète sauvage dans la vraie vie, mais son personnage, une psychologue spécialisée dans les traumas infantiles, l’est dans ce Thriller. Contre toute attente (en tout cas, à l’époque, la mienne), le film se revele être un vrai-faux thriller hollywoddien a l’esthétique, sinon aux thèmes, tout à la fois malsains et fascinants. The cell commence donc comme un blockbuster des plus prosaiques : un tueur en série assassine des femmes dans des « cellules » cachées dans le pays. Alors que l’une d’elles est emprisonnée, le tueur est capturé, mais plongé dans le coma et sa victime risque de mourir étouffée (noyée si je me souviens bien). Grace à une nouvelle technique, le FBI décide alors d’envoyer une psy, Jennifer Lopez donc, dans l’inconscient du tueur en série, afin de trouver rapidement l’emplacement de la cellule…
Voici a quoi ressemble l’entrée dans l’inconscient, qui donne déja une bonne idée de l’intérêt du film
Evidemment, c’est cette partie la, de plus en plus importante dans le film, qui est la plus intéressante. Suite à cet échec, l’approche est modifiée, et la psy essaie de rencontrer l’enfant qui survit dans du tueur, avec lequel on peut encore communiquer. Un monde ou son enfant-dieu s’ignore et que Jennifer maternelle et compatissante (du moins en apparence) va essayer de comprendre et d’amadouer.
Et c’est entre deux plongées dans l’inconscient que Jennifer Lopez regarde La planète sauvage, dans des périodes de veille rattrapées par l’onirisme (ci dessous). On se doute que le scénariste et/ou le réalisateur n’ont pas glissé cette référence par hasard. C’est à la fois un hommage à une oeuvre culte et une citation de leurs inspirations, qui imprégné l’atmosphère du film.
Le réalisateur, Tarsem Singh, nourri à la publicité, a pourtant créé quelque chose qui dépasse la simple performance visuelle et qui ne laisse pas indifférent. Certains partis pris esthétiques semblent d’ailleurs avoir été repris comme « formule » au cours des années 2000-2010 dans toute une série de film avec moins d’ambition et de créativité, mais plus de chance commerciale, tel que Silent hill.
The Cell est au final un film de série B qui dépasse le stade du produit de consommation rapidement jeté. C’est probablement plus une malédiction qu’une chance pour son réalisateur méticuleux, au vu du destin similaire de The fall, son autre film, dans une veine voisine.
A quoi ressemblerait la planète sauvage si elle était réalisé aujourd’hui ? Dit d’une autre façon, que doit la force du film de René Laloux au contexte de l’époque ? J’ai été en effet frappé par ses points communs avec d’autres œuvres de la même époque, en particulier deux d’entre elles, toutes deux également des romans portés à l’écran, Watership Down de Richard Adams (La folle escapade au cinéma, en 1978) et la trilogie des tripodes de John Christopher, écrite à la fin des années 60 et portée sur le petit écran au début des années 80….
La Folle escapade raconte l’histoire d’un « peuple » de lapins, dont certains membres, sous la pression démographique interne et sous la menace humaine liée à l’urbanisation de leur champs, partent en quête d’un ailleurs meilleur ou survivre. La trame est donc très proche de celle de La planète sauvage. Mais ce qui frappe le plus dès les premières minutes, c’est la différence de traitement du sujet. Aux antipodes des bambis et autres rois Léon, et comme chez Laloux, la mort et les rapports de domination sont omniprésents et même pesants, sans toutefois sombrer dans la pornographie ou le didactisme. Le film est au final une ode à la vie et à la lutte, aussi bien pour la survie que pour la justice et la dignité.
Autant dire qu’on oublie vite que ce sont des lapins pour voir en eux des humains, vivant pour eux dans une planète des plus sauvages et inquiétantes.
Un dessin animé très recommandable pour tous ceux qui ont aimé la planète sauvage.
Cette série télé britannique pour la jeunesse, dont (seule) la premiere saison a été diffusée en france, mais qui reste introuvable dans cette langue en DVD, a pourtant laissé des souvenirs marquants. Tous les ingrédients sont donc réunis pour la qualifier de « culte ».
Le premier épisode, tout en nous précisant que l’action se passe en 2089, nous présente une Angleterre rurale plus proche du 18ème siècle. Tous les habitants sont rassemblés pour une fête. Soudain, dans l’indifférence générale, une énorme machine (un tripode) stationne au milieu du village. Un tentacule en sort pour engouffrer un jeune homme, qui en ressort avec une bizarre résille greffée au sommet de son crane, dans l’allégresse générale. C’est ainsi que les tripodes – de mystérieux conquérants aliens ayant triomphé à notre époque – contrôlent la population humaine, en extirpant d’eux toute curiosité scientifique ou tentative de rébellion. Mais deux jeunes gens vont apprendre qu’une résistance s’est formée dans les montagnes blanches, sur le continent, très au sud, et fuient la rejoindre.
Là aussi, la structure du récit est identique à celle de la planète sauvage, de même que la domination et la mort, qui frappe tout aussi aveuglement. On y retrouve aussi, comme dans la folle escapade, la différence de taille (et de puissance et de savoir) écrasante entre les protagonistes et les dominants, dans un monde d’une inquiétante étrangeté (ici, une société régressive vivant en marge des « ruines » du vieux monde).
La série n’étant pas disponible en VF, et de toute façon, la saison 3 n’ayant jamais été tournée, je me suis procuré les romans (disponibles eux, en français) pour voir ce qu’il en était. Bien qu’écrits pour la jeunesse, la lecture est très agréable, captivante même. On est visiblement, peut être plus encore que pour la Folle Escapade, proche de l’aspect prométhéen de la planète sauvage. Tout comme Terr, les jeunes garçons vont ainsi, dans le deuxième roman et le troisième roman, apprendre de leur ennemis tout autant que ressusciter la science perdue, afin de se libérer dans la violence.
il est facile, a la lecture, d’imaginer les tripodes « à la façon » de la planète sauvage, tant ils sont proches sur le fond comme la forme.
La trilogie des tripodes se clos toutefois sur une nuance de gravité que ne possède pas la planète sauvage, mais qu’elle aurait tout à fait pu avoir [spoiler !] : libérés du joug Alien, les hommes recommencent à se diviser à nouveau en nations ennemies. Les protagonistes, un anglais, un allemand et un français, s’unissent alors pour continuer une nouvelle lutte…hors champs.
A l’évidence, la planète sauvage comme ces deux œuvres (toutes deux européennes) semblent à la fois marquées par le cauchemar de l’histoire proche de leurs auteurs (la guerre et l’invasion nazie et leur lot d’horreurs à l’échelle industrielle) mais aussi par l’optimisme de la libération possible, via le savoir et plus encore, via la lutte (même sanglante) commune, « internationaliste ». On sort de ces œuvres comme grandit par les épreuves mortelles, heureux et confiant dans l’avenir, malgré tout.
A l’heure de la défiance généralisée envers le savoir, si ce n’est pour l’accumulation de confort personnel, et du repli identitaire ou national – le plus souvent dans un mode rampant, excluant la violence à visage découvert – on ne peut que constater le potentiel de ces œuvres et de leur « storytelling » alternatif, dans le brouillard du début de ce XXIe siècle.
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